Comment diagnostiquer un bébé secoué ? Nouvelles recommandations de la Haute autorité de santé

FreeImages.com/Mou CheLe syndrome du bébé secoué (SBS) est « une forme de maltraitance de l’enfant de moins d’un an responsable d’un taux très élevé de mortalité et de morbidité. C’est un geste d’une extrême violence souvent réitéré », par lequel le bébé est empoigné par l’adulte qui le secoue pour le faire taire. Cet acte volontaire constitue une infraction pénale et son auteur encourt une peine de 5 ans d’emprisonnement à 30 ans de réclusion criminelle.

En 2011, la Haute autorité de santé (HAS) et la Société française de médecine physique et de réadaptation (SOFMER) ont publié des recommandations portant sur le diagnostic du syndrome du bébé secoué (SBS) afin d’aider les professionnels à repérer les bébés secoués et savoir comment réagir face à la maltraitance infantile. La HAS a actualisé ses recommandations cette année et les a remise à la ministre des Solidarités et de la Santé à l’occasion d’un colloque organisé par l’association France traumatisme crânien et auquel j’ai assisté.

Les recommandations sont un outil pour les professionnels de santé puisqu’il y figure une démarche diagnostique du syndrome du bébé secoué (SBS), des précisions sur les suites juridiques à donner en cas de diagnostic positif du SBS, avec les mentions obligatoires à faire figurer dans un signalement, ainsi que des préconisations à l’intention des professionnels de santé (de dialogue et de prévention).

Ces recommandations sont utiles, car, comme l’a rappelé le représentant de la HAS au cours du colloque, les cas de maltraitance infantile ne sont pas toujours signalés par les professionnels de santé et que le syndrome du bébé secoué est sous-estimé. Le texte des recommandations insiste sur ce point : « La méconnaissance du diagnostic est fréquente et expose au risque de récidive et donc de séquelles sévères persistantes ou de décès. Le coût humain et financier de ce syndrome est considérable ».  Le diagnostic comme le signalement sont donc très importants et favorisent la protection de l’enfant.

Pour la HAS, il était nécessaire d’actualiser les recommandations datant de 2011 au regard des « nouvelles connaissances sur le SBS (…) notamment une meilleure description des lésions cérébrales ». En effet, depuis 2011, les critères diagnostiques « ont été affinés » tandis que « d’autres mécanismes récemment invoqués ont été éliminés tels les vaccins ».

La HAS en a ainsi précisé le « bilan à effectuer en cas de suspicion de SBS » et a indiqué :

  • la liste exhaustive des « éléments nécessaires et suffisants du bilan d’hémostase »
  • la liste des radiographies de squelette à réaliser
  • les modalités de l’IRM.

Les recommandations concluent : « Concrètement, le diagnostic de secouement est davantage documenté devant des symptômes neurologiques tels que certains types précis d’hématomes sous-duraux (HSD) et d’hémorragies rétiniennes (HR) : une imagerie cérébrale (scanner en urgence puis IRM) et un examen du fond d’œil permettent de poser un diagnostic clair ».