Du soin à l’indemnisation : quelles spécificités du parcours du grand brûlé ?

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Le film « Sauver ou périr » vient de sortir. Il raconte l’histoire d’un sapeur-pompier (incarné par Pierre Niney) qui souffre notamment de graves brûlures au visage après une intervention. La sortie de ce film me donne l’occasion de revenir sur les spécificités du parcours d’un grand brûlé, des soins à l’indemnisation, jusqu’à une éventuelle procédure judiciaire.

Les brûlures de la face et des mains sont fréquentes, car ces parties du corps sont particulièrement exposées (non protégées par des vêtements). Un brûlé de la face inhale souvent de la fumée, ce qui ajoute aux souffrances et aggrave le pronostic de survie. Si les brûlures superficielles cicatrisent à l’aide de pansements (cicatrisation dirigée), les brûlures profondes nécessitent un traitement chirurgical et entraînent des séquelles. Les victimes de brûlures profondes doivent subir des soins pendant plusieurs mois, voire années : kinésithérapie intensive, chirurgie réparatrice, port de vêtements compressifs (comme le masque compressif de Pierre Niney dans le film). La cicatrisation des brûlures est plus longue que celle des plaies classiques.

Après leur accident, les brûlés peuvent obtenir une indemnisation dans plusieurs cas :

  • accident du travail, en cas de faute inexcusable de l’employeur (ce qui n’est sans doute pas le cas du sapeur pompier de « Sauver ou périr »).
  • accident domestique, en cas de souscription d’un contrat « garantie de la vie privée ».
  • agression par un tiers, même si le tiers n’est jamais appréhendé.
  • accident de la route, soit dans le cadre d’une garantie dite « conducteur » si le conducteur est brûlé sans qu’un tiers en soit responsable, soit en actionnant la responsabilité d’un tiers, responsable de l’accident.

L’ensemble des séquelles imputables aux brûlures est évalué lors d’une expertise médico-légale. Il est intéressant d’avoir une évaluation pluridisciplinaire par un médecin spécialisé en brûlure (chirurgien ou médecin en médecine physique et rééducation) et par un psychologue ou psychiatre. Contrairement aux victimes ayant subi un traumatisme crânien (handicap dit « invisible »), les séquelles sont bien visibles et permettent aux magistrats de mieux se rendre compte des conséquences au quotidien. L’avocat conserve toutefois un rôle très important pour insister sur la spécificité des lésions dues aux brûlures et leurs conséquences. En effet, les magistrats ne réalisent pas toujours que la peau est un organe aux fonctions essentielles : protection contre les agressions, respiration, sudation et thermorégulation, etc. L’avocat cherche aussi souvent à mettre en avant, au-delà des souffrances physiques et morales considérables, les répercussions sur l’insertion professionnelle, mais aussi sur la vie sociale du grand-brûlé qui, en raison de ses brûlures disgracieuses, subit le regard des autres.